Jour 11 : grosse prise de risques toujours pour rien...
Bonsoir,
Je commencerai par dire en préambule que je suis extrêmement énervé, remonté contre l'ambassade, et que je commence à me demander si on sortira un jour de ce merdier (passez-moi l'expession).
Retour sur cette journée, qui commence presque à devenir notre routine...
Nous nous sommes réveillés ce matin aux orores ( 9h30, hey oui, faut bien occuper ses journées, on va quand même pas se lever tôt non plus!?), après une soirée bien arrosée avec les 10 derniers survivors que nous sommes.
Dès 10h, la police vient nous voir pour nous prévenir qu'une nouvelle option serait envisageable, partir avec le leader syndical celestino Condori en compagnie de la caravane, qui devait voir les dirigeants syndicaux aller négocier avec le gouvernement bolivien à Sucre. Grosse attente jusqu'à 12h pour savoir si oui ou non la caravane part. Encore du stress.
Nous contactons l'ambassade qui nous confirme qu'ils travaillent en effet avec la police pour organiser cette sortie. Vous pouvez vous douter que cette option ne nous bottait PAS DU TOUT! Repartir dans la guelle du loup, sur le plus gros blocage, dans un moyen de transport improbable, avec pour seule assurance le leader Celestino qui nous avait déjà planté 3 fois, pas sereins du touuuuut. Nous avons fait part de notre inquiétude à notre interlocuteur à l'ambassade, qui nous a gentiment dit que nous n'avions pas le choix, que c'était la seule option et que nous n'étions pas en position de refuser. Nous lui avons bien dit que, selon nous, l'option par voie terrestre était impossible car les mineurs ne se plient à aucune autorité, et on décidé de ne pas laisser sortir les touristes de la ville. "Rien à faire, c'est ca ou rien."
Nous voila donc à refaire encore une fois nos sacs, sans grande conviction, pour un départ prévu à 14h.
13h. Nous sommes tous sur une petite place de la ville, ou nous attendons le bus censé transporter tous les touristes (nous sommes au moins 30, toutes nationalites confondues). Nous voyons bien la caravane de plusieurs dizaines de voitures alignées dans la rue, mais nous nous demandons encore si nous ferons bien parti du convoi. Encore du stress.
14h. Le bus arrive, mais bonne surprise, il n'y a pas assez de place pour tout le monde!! Les touristes espagnols se ruent sur le bus, que d'égoisme. Nous avions décidé à l'avance de rester entre nous et de ne monter que tous ensembles. On fait pression sur les flics qui nous laissent finalement monter, plusieurs d'entres-nous ferons le trajet par terre ou debout dans le bus. Et dès lors le conducteur nous dit de fermer les rideaux, de ne pas faire de bruit, car on est censé être un bus de négociateurs... C'est pas comme si 30 touristes étaient restés attendre en plein centre ville avec tous les sac à dos ( qui sont d'ailleurs bien en évidence sur le toit du bus) pendant une heure et que la radio annoncait notre sortie sur toutes les ondes. La grande discrétion...
Nous voilà partis, et c'est comme si on repassait une scène de déjà vu. Impossible de passer au dernier barrage, où les mineurs n'ont refoulé que notre bus de "gringo". Prévisible. Caillassage du bus, dynamite SOUS le bus, je vous laisse imaginer la scène avec nous à l'interieur et les rideaux fermés, sans donc voir ce qui se passe à l'exterieur.
Seul progrès par rapport à la dernière fois : une dizaine de policiers non armés accompagnent le bus, mais qui sont aussi flippés que nous. Super escorte. Retour à l'hotel sous les habituelles moqueries et chambres des habitants qui nous voient nous casser les dents sur ce satané barrage pour la quatrième fois.
Nous voilà donc de retour encore une fois, plus énervés que jamais contre l'ambassade qui n'a pas voulu écouter ce que nous leur disions, et qui nous a encore une fois envoyé au tas!! A savoir que l'ambassade des usa avait fortement déconseillé à la ressortissante américaine de partir avec nous, trop dangereux. ON COMPREND POURQUOI !!!!
La seule solution qui nous parait maintenant envisageable est de partir en hélicoptère, le plus discrètement possible, d'un endroit déjà trouvé un peu à l'exterieur de la ville. Mais notre super ambassade, à travers son représentant, trouve toutes les excuses possibles et imaginables pour nous dire que ce n'est pas possible. On ne comprend vraiment pas pourquoi.
Pour couronner le tout, cette personne de l'ambassade n'a aucun sens diplomatique et on a l'impression qu'il gère sa première situation de crise. Il retourne sans cesse le problème, s'énerve là ou nous aurions besoin de calme et de professionnalisme. On commence à se demader s'ils attendent un blessé, ou pire, pour réellement réagir! Autant dire qu'on n'y croit plus beaucoup...
Je vous tiens au courant dès que nous avons du nouveau.
Romain